Et toi, tu ghostes ou tu friendzones ?

Et toi, tu ghostes ou tu friendzones ?

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Amour, PhiloSex

09 Feb 21

Jetons un peu de lumière sur ces néologismes qui sont sont souvent employés pour rejeter des avances sans entrer dans une communication directe et rugueuse.
Ghoster : Laisser s’évanouir une relation en faisant le fantôme (Ne donnant plus de nouvelles)
Friendzoner : Reclasser une relation sexo-sentimentale au rang d’amitié.

Rencontrer
J’ai abordé quelqu’un, on a commencé à parler, et le ton est enjoué, on s’amuse, on échange, je souris derrière mon clavier et j’ai envie de le rencontrer. Et lui aussi. Alors on accorde un RDV, on passe une heure au café. C’est sympa, on a passé un bon moment. On convient de se rappeler. Le fera-t-on ? Lui ? Moi ? En ai-je vraiment envie, ou me laisserai-je piquer par ma curiosité ? Parfois c’est évident, et parfois c’est quelque chose de plus rare qu’il y a dans cette relation qui nous pousse à chercher plus loin, même si on sait au fond qu’on y trouvera pas grand chose de plus, mais on a envie d’y croire, retrouver cet émoi perdu.

Friendzoner
Au bout de quelques jours peut-être, les humeurs, les intérêts ou la perspective changent, et les échanges passés semblent être les meilleurs : pas sûr que cette une relation puisse donner plus que ce qu’elle a déjà offert. Doit-on se forcer à aller encore un peu plus loin ? Pour voir ? Ou pas ? Comment mettre un terme à une histoire pas vraiment commencée ?
L’autre ne devrait pas se vexer, pourtant c’est inévitable car ”je suis qui tu aimes”. Toutes les excuses sont bonnes pour éviter de froisser l’autre, du “J’peux pas j’ai piscine” 🙃 au “Je ne sens pas le besoin d’aller plus loin” 🙄, ou autres exemples hilarants sur Tej Par Texto. D’ailleurs parfois on en vient même à éviter de commencer la relation quand on conjecture son avenir court, ce qui ne veut pas dire que ce bout de temps passé ensemble n’aurait pas été bon, mais on prend le risque de ne pas le vivre rien qu’en pensant à la difficulté de s’en défaire. Je suis d’accord, c’est débile, en tous cas dommage, non ? Ça devrait être simple, mais très clairement ça ne l’est pas.

Alors ghoster ?
L’autre option c’est ghoster : ne plus écrire… espacer les réponses… ne pas répondre…
Ça semble lâche, mais finalement c’est parfois la solution la plus douce pour ne pas dire un mensonge et ne pas blesser. D’accord, il.elle ne saura pas pourquoi, et alors. De toutes manières le plus souvent les raisons sont miennes et n’ont rien à voir avec l’autre, ou bien il n’y a pas de raison, car Pascal nous l’a déjà dit : “Le cœur a ses raisons que la raison ignore”, et si c’est pas le cœur mais le corps, mieux vaut taire ses raisons pour ne pas risquer à coup sûr d’être désobligeant 😬.
Face à quelqu’un avec qui je ne suis pas sûr.e de vouloir aller plus avant, j’apprécie que, si déjà deux fois je me suis excusé.e sous un prétexte quelconque, il.elle n’insiste pas, qu’il.elle ne me relance pas dix fois alors que mes réponses sont timides ou qu’il.elle me demande des explications que je serais souvent bien en mal de trouver. J’apprécierais sa délicatesse, son égard.
On pourrait imaginer que le savoir-vivre ne soit pas la réponse obligée, mais la réserve du “No answer is an answer”, ce qui éviterait d’être contraint d’en arriver à la rugosité du “Non, c’est non” ou de pratiquer le  mensonge éhonté.

Et pourtant…
Rupture, rien que le mot fait frémir… même une toute petite rupture pour une toute petite relation sème des vents de panique : peur de blesser, peur de vexer, ou plus exactement “crainte de”.
Au détour d’un forum je lis une internaute m’expliquer : “parce que je me sens contrainte de répondre parce que politesse... Un mec me témoigne de l'intérêt virtuellement, la moindre des choses c'est de dire bonjour…” Et c’est comme ça que ça commence…
En tant qu’êtres emphatiques nous ressentons le désarroi qui s’empare de l’autre face à un rejet, et parfois (trop souvent) on préfère prendre sur nous et accepter encore un RDV, une conversation téléphonique dont on a pas plus envie que ça, parce que “ça se fait”, par ce que c’est correct, et on s’embarque dans une relation, ou on la poursuit sans vraiment en avoir envie, parce que ça ne demande pas tant d’effort que ça (😱😱😱), et on va un peu plus loin que ce qu’on voudrait, et c’est encore plus difficile de faire marche arrière quand l’autre continue d’avancer.
Dit comme ça sans le contexte, ça a l’air absurde.

Et pourtant.
Je vois tous les jours ces dérives autour de moi.
Dérives qui vont droit au naufrage.
Tout ça parce que ça fait mal de dire non.
Peut-être encore plus mal que de le recevoir ?

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